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Faire comprendre son métier

Faire comprendre son métier

« Tu es développeur, intégrateur, designer ou encore gérant … mais qui sait ce que tu fais, vraiment ?

15 années de recul pour permettre de mieux exprimer son métier auprès de ses collègues, ses clients et … soi-même. »

http://lanyrd.com/2014/sudweb/scxgdm/

HTeuMeuLeu

May 16, 2014
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Transcript

  1. Rémi Parmentier Intégrateur C’est peut-être à cause de mon métier,

    mais à faire cette conférence, je balise. Je balise parce que je n’ai jamais travaillé dans une boîte connue ou sur un framework important. Mais je suis passionné par mon métier.
  2. Et pour une raison qui m’échappe, ça m’a amené à

    devenir l’un des intégrateurs les plus suivis en France sur Twitter. Je vais vous raconter mon parcours et comment j’en suis arrivé là.
  3. 1985 naissance Je suis né en 1985 en Picardie où

    j’ai mené une enfance paisible. Jusqu’en 1992 où mes parents ont acheté…
  4. Un micro-ordinateur ! J’ai appris à m’en servir : à

    utiliser Windows 3.1, à recopier des textes au clavier, à redémarrer sous MS-Dos pour lancer des jeux. Et puis un jour en 1997, on a eu…
  5. INTERNET C’était génial : de ma campagne natale, je pouvais

    accéder à des contenus dans le monde entier. Et je pouvais notamment suivre ce qui m’intéressait particulièrement pendant mon adolescence…
  6. Les jeux vidéo. Et en 2000, Nintendo venait d’annoncer une

    console qui m’intéressait particulièrement.
  7. La Game Boy Advance. Mais j’étais frustré parce que je

    trouvais que peu de sites en parlaient. Et puis un jour j’ai répondu à une annonce d’un nouveau site qui se créait et qui cherchait des gens pour écrire. Et c’est comme ça qu’à 15 ans je suis devenu rédacteur sur un site sur la GBA.
  8. C’est comme ça que j’ai appris comment fonctionnait un site

    web. J’ai appris les bases de HTML. Et le site a bien marché. On était invité à des salons. On recevait des jeux gratuits. Et parmi ces jeux, je me souviens de Sonic Advance.
  9. Il y avait un mode qui s’appelait Tiny Chao Garden

    où on pouvait gagner de l’argent, acheter des fruits et augmenter les compétences de son chaos. J’avais passé une après-midi à décortiquer le jeu pour savoir quel fruit était le meilleur. Et c’est ainsi que j’ai fait une de mes premières pages web.
  10. ✓ GIFs animés ✓ Tableaux ✓ FrontPage ✓ Geocities C’était

    une page web typique de la fin des années 90, début 2000, avec GIFs animés, tableaux, faite sous FrontPage, et hébergée chez Geocities.
  11. FrontPage PhotoImpact À l’époque j’utilisais FrontPage et PhotoImpact (un logiciel

    de retouche photo que j’avais eu gratuitement). C’était simple, et le but pour moi c’était que…
  12. Ça fonctionne Le simple fait de partager du contenu avec

    le monde entier était extraordinaire pour moi. Et donc j’ai continué à faire des pages web sur ce qui me passionnait pendant mon adolescence.
  13. Et puis j’ai fait un DUT informatique. Et après deux

    ans à faire du JAVA et du COBOL, je me suis dit que ce n’était pas comme ça que j’envisageais ma vie. Et donc arrêté mes études et j’ai cherché du travail.
  14. 2006 premier emploi C’est comme ça qu’en 2006, je suis

    devenu officiellement intégrateur dans une agence web. J’étais comme un poisson dans l’eau. J’adorais tout ce que je faisais. J’ai aussi découvert ce qu’étais le travail en équipe, et la conception de site dans un cadre professionnel.
  15. Ça fonctionne avec des contraintes … mais aussi que ça

    fonctionne en respectant des contraintes.
  16. Graphisme Développement Référencement Gestion de projet Des contraintes liées au

    graphisme, au développement, au référencement, et aussi la gestion de projet, comme par exemple le temps alloué sur chaque projet.
  17. Graphisme Développement Référencement Gestion de projet Intégration Le problème en

    agence, c’est que bien souvent l’intégration arrive à la fin de tout ça.
  18. Graphisme Développement Référencement Gestion de projet Intégration Et bien souvent,

    les autres parties explosent leurs délais, sans pour autant reculer la date finale. J’étais frustré, parce que ça ne me permettait pas de faire du travail de qualité, et d’apprendre de nouvelles techniques. Quand j’en parlais à mon chef de l’époque, il me répondait que…
  19. On n’est pas là pour apprendre. « » — mon

    ancien chef J’étais choqué. Pour moi, j’étais justement là pour apprendre. C’est ce que j’aime encore aujourd’hui dans mon métier. Je sais qu’en quittant le boulot le soir, j’en saurais plus qu’en étant arrivé le matin.
  20. 2008 je crée ma boîte C’est ainsi qu’en 2008, avec

    deux collègues, on a créé notre boîte. Et là j’étais à nouveau euphorique. Tout redevenait possible. C’était à moi de prendre des décisions et de décider de ce que je voulais faire.
  21. J’ai eu l’opportunité de donner des cours d’intégration dans une

    écolé supérieure de Lille. Je me suis dit « c’est génial, je vais pouvoir inculquer des bonnes pratiques et partager mon expérience». Sauf qu’en réalité c’était pas loin d’un désastre. Et je me suis rendu compte qu’enseigner l’intégration, c’est encore plus difficile que de l’apprendre.
  22. Si vous voulez apprendre HTML, la source d’information la plus

    fiable est le site du W3C. La spécification HTML5 est un monstre consultable en une seule page de près de 6 Mo de HTML seul.
  23. Avec près de 390 000 mots, si vous lisez 250

    mots par minute, il vous faudra environ 26 heures pour venir à bout de cette spéc. Et vous n’aurez encore rien appris, parce que l’implémentation diffère parfois des specs. Et ça c’est juste pour HTML. Après il y a aussi CSS, JavaScript, etc. Du coup ça m’amène à penser que…
  24. Une maîtrise complète de l’intégration n’est plus possible Et donc

    nos métiers se spécialisent. Mais cette idée de maîtrise est bien présente dans nos métiers. Et ce, dès le recrutement.
  25. Vous trouverez par exemple des annonces qui demandent explicitement une

    maîtrise de toute une liste de langages et outils.
  26. HTML ★★★★★ CSS ★★★★☆ JS ★★★☆☆ Et donc en tant

    que recruteur, vous recevrez des CV comme ça. Mais ça veut dire quoi avoir 5 étoiles sur 5 en HTML ? Pourquoi seulement 4 étoiles en CSS ? Comment faire pour obtenir la dernière étoile ? (Un week-end au ski ?)
  27. Visual Studio Photoshop Cette complexité, on la retrouve aussi dans

    nos métiers. De visual Studio à Photoshop, je suis passé à Coda et Photoshop.
  28. Coda Photoshop Sublime Text Sketch Gulp Git Grunt Dev Tools

    WordPress Magento Sass jQuery Et puis aujourd’hui il faut avoir des connaissances dans des CMS, des contrôleurs de sources, des bibliothèques JS ou CSS, etc.
  29. Faire de la veille Pour arriver à survivre dans ce

    métier, il est crucial de faire de la veille. La façon dont je conçois de faire de la veille se rapproche de cette citation de Donald Rumselfd (ancien secrétaire à la défense des États Unis)…
  30. There are known knowns, known unknowns, unknown unknowns « »

    « Il y a des connaissances connues… » Par exemple je connais les positionnements CSS, et je sais m’en servir. « …i l y a des connaissances inconnues… » Par exemple je sais qu’on peut faire des polices d’icônes, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’en créer sur mes projets. « et il y a des inconnues inconnues » Par exemple, je ne sais pas que… Bah je ne sais pas, puisque je ne peux pas savoir ce que je ne sais pas puisque je ne le sais pas. Le but quand je fais de la veille est de réduire au maximum cette zone « d’inconnues inconnues », et d’avoir une vue suffisamment large pour avoir toutes les cartes en main à chaque fois que je dois faire un choix en intégration.
  31. 2010 je crée mon blog Et donc en 2010 j’ai

    créé mon compte Twitter puis ouvert mon blog. Et c’était génial parce que j’ai à nouveau pu partager ma passion pour mon métier. Et si j’ai parlé des bonds techniques énormes qui ont eu lieu depuis, il y a certains sujets qui eux n’ont pas beaucoup évolué.
  32. J’écris de manière passionnée sur des sujets parfois un peu

    polémiques. Et donc forcément je reçois des commentaires parfois tout aussi passionnés.
  33. Il y a des commentaires positifs, de gens qui adorent

    ce que j’écris. Ils me disent même «Super, j’ai partagé ton article avec mon chef pour lui montrer qu’il ne faut pas faire ça». Mais ça me fait bizarre. Même moi je n’utilise pas mes articles pour convaincre mes clients. Parce qu’en réalité, si vous cherchez bien sur le web, vous pourrez lire tout et son contraire.
  34. Par exemple on vous dira que « Vous n’avez peut-être

    pas besoin de jQuery », parce que la bibliothèque est lourde, et que les navigateurs modernes n’en ont plus besoin…
  35. Mais aussi que « vous avez peut-être besoin de jQuery

    », parce que ça résout quand même un tag de bugs navigateurs, et ça permet de poser un cadre de travail commun. Ces différences, on les retrouve souvent dans des discussions entre intégrateurs.
  36. Startup Agence Annonceur Si on prend par exemple trois groupes

    d’intégrateurs : - en startup, petite équipe, méthode agile, travaillent sur un seul site/produit - en agence, grande équipe, beaucoup de stagiaires et de turnover, travaillent sur plein de projets en même temps - chez l’annonceur, énorme structure peu technique, travaillent surtout sur de l’intégration d’e-mails
  37. ❤ ‘ ? Les pré-processeurs ? Startup Agence Annonceur Et

    si on leur demande : « vous pensez quoi des pré-processeurs ? » Leurs réponses devraient ressembler un peu à ça… « On adore, c’est génial, ça résout tous nos problèmes ! » « C’est bien, mais ça dépend du projet, ça dépend de qui va travailler dessus, etc. » « Un pré-processeur ? Pour des e- mails ? Mais de quoi vous parlez ? »
  38. Je reçois aussi parfois des commentaires négatifs, de gens pas

    du tout d’accord avec ce que j’écris. Et c’est génial. Parce que peut-être que j’ai tort. Et dans ce cas, je vais apprendre des choses, et leurs commentaires vont nourrir ma propre réflexion. Sinon je prends ça comme un commentaire. Une observation. Une remarque. Un peu comme avec mes clients…
  39. Le bouton n’est pas comme sur la maquette. « »

    — les clients, les chefs de projet, les graphistes Quand un client me dit « le bouton n’est pas comme sur la maquette », peut-être qu’il a raison, et dans ce cas je vais apprendre un nouveau truc, un nouveau bug. Mais sinon, si j’ai bien fait mon travail, c’est à moi de lui expliquer pourquoi c’est différent, et pourquoi cette différence avec une maquette Photoshop en fait en réalité une meilleure page web.
  40. Parmi les sites de veille de référence, il y a

    24ways.org, qui chaque année en décembre publie chaque jour un article sur la conception web. Et je me suis toujours dit « C’est quand même dommage qu’il n’y ait pas quelqu’un pour faire ça en français. » Et puis je me suis rappelé que moi aussi j’étais quelqu’un. Et donc en 2012, j’ai lancé…
  41. 24 jours de web. Même principe, avec en plus un

    appel au don pour une association caritative. Et ça a bien marché. En 2013, quand j’ai fait un appel à auteurs, j’ai reçu une réponse du genre « J’aime pas ton blog, j’aime pas ton compte Twitter, mais j’ai envie d’écrire un article. » Et j’étais content, parce que c’était exactement le but du site : aller chercher des gens, au delà de mon petit réseau habituel.
  42. Le point du lundi matin Après tout ça, je me

    suis rendu compte qu’au sein de ma propre boîte, je ne faisais pas grand chose pour pousser mes collègues à eux aussi partager et communiquer sur ce qu’ils faisaient. Et donc depuis le début de l’année, on a instauré le lundi matin un «Lightning talk» en plus du point planning. Chaque semaine, l’un de nous présente aux autres un sujet de son choix. Et c’est chouette, parce que ça nous permet d’apprendre et d’échanger.
  43. à votre tour Je sais que beaucoup sont déjà actifs

    et ont un blog, donnent des conférences, etc. Dans ce cas, c’est chouette, continuez. Mais j’espère que ma petite histoire pourra en motiver d’autres à écrire et partager sur ce qu’ils font.